Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/251

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chanoines fort repentans et bien résolus à attendre desormais leurs conviés, ou à ne plus jamais inviter personne. En 1768, la misère des pauvres étant très-grande, il n’y eut point de grand banquet, et le chapitre fit remettre aux pauvres de la ville la somme destinée à en acquitter les frais. « Néanmoins, vu la nécessité où étoit le chapitre de se tenir assemblé jusqu’après la délivrance du prisonnier, on servit dans la bibliothèque un déjeûner simple, sans apparat, et sans aucuns domestiques. » Le 11 mai 1774, mercredi des Rogations, on ignorait encore à Rouen que le roi Louis XV était mort la veille ; on savait seulement que ce monarque « étoit en un extrême danger » ; le chapitre, en signe de douleur, arrêta qu’il n’y aurait point de repas le lendemain, et que la valeur en serait donnée aux pauvres. A la fin du repas, le célébrant venait dire les grâces, et il les terminait en prononçant ces mots : « Prions pour l’ame de M. Pierre Acarie, qui a donné commencement à cette bibliothèque. » C’est que la bibliothèque du chapitre, où avait lieu le repas, avait été comme fondée par Pierre Acarie, chanoine, official sous M. De Harlay, archevêque de Rouen, qui avait donné tous ses livres au chapitre. Le portrait de cet ecclésiastique était dans la bibliothèque[1].

  1. Voyages liturgiques de France, par Le Brun des Marettes ; in-8o.,