Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/398

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des écus d’or ; de plus, il avait été convaincu, en jugement, d’avoir blasphémé Dieu et ses saints. Les juges d’Évreux l’avaient condamné à être pendu après avoir eu l’oreille coupée par le bourreau.


1516. Nicolas De La Rue, écuyer, âgé de 25 ans, de l’île de Guernesey.
    Ayant surpris sa sœur, femme mariée, en adultère avec le fils du commandant de l’île de Guernesey, il les tua tous les deux, d’un même coup d’épée. Le commandant, voulant le faire arrêter, mit cent vingt hommes sur pied. De son côté, Delarue, qui avait un vaisseau, fit armer tous les hommes de son équipage, pour sa défense. Un combat eut lieu, dans lequel les soldats du commandant furent mis en déroute ; Delarue en tua deux de sa main. — Depuis, réfugié à Surville-sur-Mer, en Normandie, il devint éperdûment amoureux de la fille du seigneur de Commare ; il alla, accompagné de cent vingt-cinq hommes armés, l’enlever dans le château de Commare, malgré son père, et vécut avec elle pendant quelque tems, sous promesse de mariage ; il lui avait donné 20,000 liv., prises par lui sur les Anglais ; c’était tout ce qu’il possédait.
    Après la conclusion de la paix entre la France et l’Angleterre, il captura un vaisseau anglais, et fut condamné, à raison de ce fait, à deux ans de bannissement. Lorsqu’après avoir subi sa peine il revint à Harfleur, il n’y trouva plus la demoiselle De Commare. Elle était allée rejoindre ses parens, et avait emporté les 20,000 liv. de son amant. Delarue ne craignit pas d’aller au château du père, demander à la demoiselle ce qu’elle avait fait de son argent ; elle lui remit dix écus, en lui disant qu’ils compteraient ensemble pour le reste. Delarue se répandit en injures et en menaces, et resta à Commare, pour les exécuter ; plusieurs gentilshommes, parens et amis de la demoiselle De Commare, avertis de ses desseins, s’efforcèrent de l’arrêter dans un marché ; mais,