Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/584

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ans après, en 1770, la confrérie avait réellement cessé de paraître et même d’exister. Alors, le maire et les échevins de Rouen intervinrent au procès. La confrérie de Saint-Romain n’existant plus, dirent-ils, les biens meubles et immeubles, dont elle avait fait l’abandon aux hôpitaux, étaient demeurés sans usage ni utilité, soit dans la main des derniers confrères, soit dans celle du chapitre. Le mobilier de cette confrérie était un objet d’une grande valeur, consistant en plusieurs pièces d’argenterie, ornemens de grand prix ; le seul drap de corps avait coûté 6,000 livres. Il y avait en outre deux maisons louées ensemble 500 liv. La confrérie étant anéantie, et ayant abandonné tous ses biens aux hôpitaux, c’était un devoir sacré pour les officiers de l’Hôtel-de-Ville, de veiller à ce que les intentions de cette société fussent remplies. L’insuffisance des revenus de l’Hôpital-général étant notoire, qu’y avait-il de plus urgent que d’appliquer ces objets abandonnés au soulagement de cet hospice, à celui des pauvres, qui intéressaient toute la cité ? Dans une requête au parlement, ils priaient cette cour de leur accorder mandement pour ajourner les derniers membres de la confrérie, afin qu’ils rendissent compte des biens de la ci-devant confrérie, et en vissent faire la remise aux administrateurs de l’Hôpital-général de Rouen. Ils demandaient qu’il leur fût permis d’assigner aux mêmes fins le chapitre de Notre-Dame, en cas qu’il voulût se rendre partie. Le 15 juin 1770, sur le rapport de M. De Ranville, mandement fut accordé aux maire et échevins aux fins de leur requête. Le chapitre jeta les hauts cris. Dans un mémoire de défenses, présenté à la grand’chambre le 27 juillet 1770, il dit qu’à tort on regardait comme consommé l’anéantissement de la confrérie, lorsqu’il n’était qu’en question, puisque le parlement, saisi de cette affaire, avait ordonné que, provisoirement, la confrérie continuerait ses services. Par qui le chapitre se voyait-il assigner aujourd’hui ? Par d’anciens maîtres et membres de la confrérie de Saint-Romain, qui, maintenant, « transformés en échevins », voulaient encore,