Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/590

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REMARQUES
SUR


LA CHASSE DE SAINT-ROMAIN,
VULGAIREMENT APPELÉE LA FIERTE,


PAR M. E.-HYACINTHE LANGLOIS.


Si ce qui manquait aux chrétiens du moyen-âge, du côté de la civilisation et des lumières, était, sous le rapport de la religion, amplement compensé par une soumission profonde aux lois de l’église, il n’est pas moins vrai qu’à ces époques antiques la morale évangélique et la vie intérieure et toute spirituelle du christianisme étaient beaucoup moins comprises par les masses ignorantes des fidèles, que certaines croyances accessoires alimentées par le témoignage des sens ; aussi le culte des images et des reliques, culte presque matériel, dont l’église elle-même se vit quelquefois obligée de restreindre l’empire, devenu trop exclusif, fut-il un des plus puissans leviers de la foi, chez les générations qui se succédèrent depuis Constantin Ier. jusqu’à des tems extrêmement rapprochés du nôtre. Il est vrai que l’espèce d’adoration dont les corps des martyrs et des saints étaient devenus l’objet, fut dès le berceau de l’église vivement stimulée par le témoignage des premiers pères de la foi chrétienne. Saint Augustin, par exemple, rapportait que des fleurs, par leur simple contact avec le cadavre meurtri de saint Étienne, avaient acquis assez de vertus pour rendre la vue à des aveugles (Aug., De civ. Dei, lib. 22, cap. 8). Grégoire de Naziance (orat. v cont. Jul.), à l’appui de semblables récits, prétendait que les corps saints,