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POMPEÏ ET L’ART ANTIQUE.

Je défie en effet qu’on trouve dans les ouvrages des anciens l’analogue de Rembrandt, de Murillo, de tous ces grands artistes qui n’ont représenté jamais que des choses laides, hideuses ; dont on détournerait les yeux, si elles étaient en nature. Toutes les statues antiques ont le cachet de leur auteur, l’individualité de leur modèle ; aucune ne se ressemble : mais toutes sont belles, toutes ont pour but la reproduction d’un être beau. Si l’on veut se figurer le Pouilleux de Murillo ou certaine Suzanne de Rembrandt transportés à Athènes du temps de Périclès et mis sous les yeux des artistes de cette époque, j’ose avancer qu’ils auraient détourné les yeux, ou plutôt qu’ils n’auraient pas compris ce que cela pouvait bien être.

Il est difficile de ne pas se laisser aller à toutes ces pensées, quand on se promène dans les rues de Pompeï ou dans le musée de Naples. Tout, en effet, porte son caractère de beauté : les ustensiles les plus vulgaires ont un goût d’ornementation, une finesse de détails, qui font songer assez tristement à nos papiers peints, à nos meubles de palissandre… Nous avons autre chose.

L’étude, quoique bien insuffisante, que j’ai faite de l’art antique pendant mon séjour en Italie, mais surtout dans mes visites à Pompeï, et devant les vases étrusques, m’a fait com-