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POMPEÏ ET L’ART ANTIQUE.

de plumes rouges, et, derrière l’énorme carrosse, trois ou quatre valets en livrée gothique, tenant sur l’impériale l’éternel et énorme parapluie roulé[1].

C’était un spectacle tout nouveau pour moi, et un vrai bonheur de pouvoir parcourir tout seul ces merveilleuses ruines, de m’étendre sur les gradins du Colysée, sans être distrait par la vue d’une jeune miss, sa lorgnette à la main. J’étais bien à Rome, cette Rome que je m’étais figurée, ou plutôt que m’avaient fait connaître d’avance les belles gravures des Piranesi et les innombrables et originales compositions du peintre romain Pinelli[2]

  1. On m’a dit que ce parapluie servait à abriter les cardinaux lorsqu’ils descendent de leur voiture et s’agenouillent sur le passage du Saint-Sacrement, qu’ils doivent même, je crois, accompagner jusqu’à l’endroit où on le porte.
  2. Précisément à l’époque dont je parle (juin 1835), rentrant un jour chez moi, je vis, dans une rue qui avoisinait la Trinité-des-Monts, une foule assez grande a la porte d’une maison, où je me figurai qu’avait lieu quelque exposition ou quelque vente d’objets d’art. Je suivis machinalement des gens qui montaient ; j’entrai dans un petit appartement très-modeste, et, dans la chambre du fond, je vis, non sans une vive émotion, un homme mort étendu sur son lit, vêtu d’un habit noir, cravaté de blanc, et auprès duquel étaient agenouillées plusieurs femmes en prières. Je reculai, je l’avoue, après n’avoir jeté qu’un coup d’œil rapide, et, à la demande que je fis, on me répondit que c’était le peintre Pinelli.

    Les ouvrages de cet artiste, dont la réputation est peu