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PREMIÈRE VISITE AU MAITRE.

soins… Et… que faites-vous ?… avez-vous déjà dessiné ?

— Comme on fait au collège, où j’ai eu des prix de dessin… Mais je ne sais rien, absolument rien… je m’en aperçois surtout en ce moment.

— Tant mieux cent fois ; vous n’aurez pas du moins de mauvaises habitudes, dont il est si difficile de se défaire. »

Et comme mes yeux se portaient sur le dessin du Vœu de Louis XIII : « Vous regardez ce dessin ?… C’est bien beau, n’est–ce pas ?… Je ne parle pas du tableau, bien entendu ; — le tableau, disent les journaux, est un pastiche, une copie de Raphaël…»

Il s’animait en parlant, ses yeux commençaient à briller singulièrement.

« Eh bien ! non, ce n’est pas un pastiche, ce n’est pas une copie… j’y ai mis ma griffe… Certes j’admire les maîtres, je m’incline devant eux… surtout devant le plus grand de tous… mais je ne les copie pas… J’ai sucé leur lait, je m’en suis nourri, j’ai tâché de m’approprier leurs sublimes qualités… mais je n’en fais pas des pastiches ; — je crois que j’ai appris avec eux à dessiner, car, voyez-vous, mon enfant, le dessin est la première des vertus pour un peintre, c’est la base, c’est tout ; une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte… Aussi nous