Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
LE JURY DES BEAUX-ARTS.

terait le travail du public et des amateurs.

Il y aurait un certain intérêt à contrôler l’opinion des premiers juges, et je ne doute pas qu’une œuvre renfermant quelques qualités n’attirât vite l’attention, même dans la salle la plus reculée.

On devrait renoncer naturellement à placer les tableaux par ordre alphabétique, coutume absurde, dont le moindre inconvénient est de noyer une bonne toile, par le fait du hasard, dans une masse d’ouvrages médiocres, d’éparpiller les œuvres remarquables, et de forcer le public à une recherche fatigante.

J’en étais là, je venais de chercher, avec tout l’intérêt et toute la gravité que me paraît comporter ce sujet, une amélioration quelconque à ce jury, objet de tant de récriminations et cause de si profondes douleurs, quand la pensée m’est venue tout à coup que je jouais un peu, dans cette occasion, le rôle d’un Don Quichotte, et que les jeunes artistes actuels pourraient bien me dire avec la femme de Sganarelle : Et si nous voulons qu’on nous batte ?

Je ne suis pas persuadé, en effet, quand j’y réfléchis, qu’ils accueillent avec plaisir la création d’un jury plus facile, qui diminuerait aux yeux des amateurs et des marchands l’honneur qu’ils ont d’être reçus.