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Malgré tous nos efforts, impossible de rien obtenir. Notre situation était des plus pénibles. Que faire ? Il fallait ou perdre cette somme en partant par un autre navire, ou attendre que l’Annie Jane pût mettre à la voile. Dans le premier cas, comment retrouver cet argent ? dans le second, serions-nous en sûreté sur l’Annie Jane ?

Les propriétaires du bâtiment nous témoignèrent tant d’intérêt en pourvoyant libéralement à toutes nos dépenses pendant que l’on réparait ses avaries, et nous assurèrent avec tant de fermeté qu’il serait en bien meilleur état pour reprendre la mer, que nous ne pouvions que faire comme ils nous disaient. D’autres raisons d’ailleurs vinrent à l’appui de leurs arguments, et en voici la principale. Nous avions à bord, comme passagers, le capitaine Rose et sa femme. Marin expérimenté par cinquante-trois ans de voyages et de fatigues, il se décida lui aussi à reprendre le même vaisseau, quoiqu’il eût pu trouver une place gratuite sur un steamer. Il nous dit qu’ayant vu la manière dont on réparait le bâtiment avarié, et aussi que la cargaison, consistant en matériaux pour la construction d’un chemin de fer, était mieux aménagée qu’auparavant, il pensait que nous pouvions sans danger, nous confier à l’Annie Jane.