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et remplissent les profondeurs de l’océan. Quelquefois des troupeaux de marsouins jouaient autour du vaisseau, plongeaient, revenaient à la surface, plongeaient de nouveau, respiraient avec force, et semblaient lutter de vitesse avec nous. Je me plaisais aussi à aider les matelots selon la mesure de mes forces, ce qui faisait du bien au corps et reposait l’esprit.

Le 23, nous étions parvenus au 20° de longitude ouest et au 60° de latitude nord, lorsqu’un vent terrible s’éleva tout à coup à l’ouest et commença à soulever les vagues. Il redoubla de violence en peu de temps, et nous vîmes tous les signes d’une horrible tempête. Le capitaine fit carguer les voiles et attacher solidement le gouvernail, car les hommes chargés d’en prendre soin ne pouvaient plus le tenir, à cause de la force des lames. Nous étions donc prêts à subir ce nouvel assaut, quand la nuit vint nous couvrir de ses ombres. Ce ne fut pas sans crainte que nous allâmes nous coucher ; après avoir prié le Seigneur de nous préserver d’accidents fâcheux, nous fûmes plus tranquilles. On entendait les sifflements du vent à travers les cordages, et le roulis était très fort. Plusieurs de nos amis souffraient horriblement du mal de mer, de sorte que le sommeil ne put nous gagner. Le lendemain, la tempête était au moins aussi forte que la