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ployées afin de gagner le large au plus vite. Mais la marée haute et la lourde cargaison du vaisseau étaient deux obstacles formidables à notre dessein. Le danger devenait imminent. Nous descendîmes dans nos cabines pour nous préparer au désastre qui paraissait inévitable.

Monsieur Kempf, ayant appris le danger qui nous menaçait, et se trouvant lui-même fort affaibli par les souffrances qu’il avait éprouvées, s’évanouit, et ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que nous lui fîmes recouvrer l’usage de ses sens.

Tout à coup, en jetant les yeux sur la boussole du salon, je vis que la course du vaisseau n’était plus la même, et nous allions maintenant vers le nord. J’en parlai de suite à monsieur Vernier, et, en montant sur le pont, nous aperçûmes que le phare vers lequel nous nous dirigions auparavant était alors à la poupe du vaisseau. Soulagés par un tel changement, nous remerciâmes le Seigneur de ce qu’il avait secondé les efforts de notre capitaine. Celui-ci, qui avait ainsi fait un coup de maître, nous assura que tout allait pour le mieux, et que nous pouvions aller nous reposer en paix. Si nous avions été seulement un mille plus loin, nous aurions pu doubler sans danger la dernière île des Hébrides. Le vent était toujours