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France se trouvait sa vieille mère qui devait venir le trouver au Canada le printemps suivant. Et son cœur, déchiré par l’idée pénible de la séparation, s’élevait vers Dieu, vers ce Père des orphelins auquel il confiait les siens afin qu’il en prît soin, et comblât le vide que le départ de ce chrétien allait créer dans ces âmes aimantes.

Nous étions tous réunis dans la cabine du capitaine Rose. Le neveu du capitaine, et un jeune homme qui nous servait d’interprète nous y rejoignirent. Là, prosternés devant Dieu, en la présence duquel nous devions bientôt comparaître, nous fîmes monter de ferventes prières vers le trône de la grâce. Fortifiés par cet épanchement de nos cœurs brisés, et sentant que notre bon Père céleste nous avait entendus et exaucés, nous nous sentîmes plus forts. Je vis cependant qu’il se livrait encore de rudes combats dans l’âme de notre bien-aimé frère Vernier. Prenant une lampe, et accompagné de monsieur Van Buren, il alla s’agenouiller dans notre cabine pour invoquer encore le Seigneur. Je m’unis à eux, et notre cher frère épancha sa douleur dans le sein de notre Sauveur. Il pria pour sa femme, ses enfants et ses parents : et à mesure qu’il les recommandait à Dieu avec cette ferveur qu’inspire le véritable amour, son front devenait