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même habillement qu’il avait le jour du naufrage, sauf l’habit qui était déchiré. Il n’y avait aucune blessure ou meurtrissure sur le corps, qui était d’une couleur rouge et très enflé. Je le fis transporter dans l’intérieur de l’île, et, sur l’ordre du capitaine, les charpentiers firent un cercueil dans lequel fut déposée la dépouille mortelle.

Je me rendis au vaisseau avec monsieur Cornu pour en rapporter nos effets. En soulevant ma valise, je la trouvai fort légère, et en l’ouvrant je vis que l’on avait volé tous mes effets. Fâcheux contretemps ! Impossible de changer de vêtement ; et on en avait fait autant à monsieur Cornu. Le capitaine fit faire des recherches qui furent à peu près infructueuses. Le reste de la journée se passa à la maison. Je m’occupai à écrire à quelques amis les détails de notre désastre ; car le courrier devait venir le même soir. Le pasteur de l’île de Barra, monsieur Beatson, vint nous rendre visite et nous promit de revenir le lendemain pour les funérailles de monsieur Vernier. On avait aussi trouvé les cadavres de nos autres frères y compris monsieur et madame Rose. Ils furent placés deux par deux dans des cercueils et inhumés dans une fosse commune sur le rivage. Nos cœurs étaient tristes à la vue de ces infortunés que nous