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Page:Ami - Le naufrage de l'Annie Jane, 1892.djvu/71

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et nous profitâmes de la générosité de monsieur Necker pour le prier de s’intéresser à ce malheureux. Mais ce noble vieillard insistait pour que nous lui disions aussi ce dont nous avions besoin : « Venez, dit-il à monsieur van Buren qui était le plus âgé d’entre nous, et je vais vous ouvrir un petit compte à ma banque. »

Au bout de quelques instants, monsieur van Buren, pâle et les yeux remplis de larmes, rentrait au salon : « Chers amis, s’écria-t-il, que le Seigneur est bon ! Combien nous devons être reconnaissants de sa bonté. Nous nous sommes confiés en Lui. Voyez s’il nous a trompés ! » Et, en disant cela, il posa sur la table sa bourse remplie de pièces d’or. Nous ne pouvions revenir de l’étonnement que nous causait la munificence de monsieur Necker. Nous qui, un instant auparavant, n’avions pas un sou, nous étions maintenant les possesseurs de deux cent cinquante dollars.

Monsieur Necker arriva bientôt lui-même mais ne nous permit pas de le remercier. « Cela n’en vaut pas la peine, dit-il : si cette petite somme n’est pas suffisante pour vos premiers besoins, dites-le. De plus vous ne partagerez pas la nourriture et les chambres des autres passagers. Demandez tout ce que vous désirez, et je me charge de la dépense.