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ment et sa fidélité le rendirent cher à la Société et pendant l’hiver de 1852 à 53 il fut solennellement consacré au saint ministère.

L’œuvre avait grandi. Le comité voulut élargir son rayon d’activité et il confia, à Jean Vernier, l’importante mission de repasser en Europe afin d’y recruter de nouveaux ouvriers. Revoir la France et son cher val de Glay ; embrasser sa vieille mère et serrer la main à ses amis, à ses compagnons d’études, c’était assez pour faire bondir d’aise le cœur du fidèle Vernier, fatigué par dix années d’un travail ardu. Cependant il entreprit ce voyage sous le poids d’une terrible appréhension et avec les larmes dans l’âme. Sur la page d’un vieux volume, pieusement conservé par la famille, il écrivit cette phrase remarquable : « Je pars pour l’Europe… Reviendrai-je ? Je ne sais… Dieu sait !… »

Ce qui rendait le départ du missionnaire si douloureux, c’est qu’il laissait derrière lui une femme et cinq enfants,