Page:Amiel - Charles le Téméraire, 1876.djvu/67

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Toi, m’ayant défendu, mon père, de m’armer,
Je n’ai pris que ma barque et n’ai fait que ramer ;
Et furtif, par le lac essayant la fortune,
J’ai, dans l’obscurité pluvieuse et sans lune,
Pu cinq fois arriver jusqu’à la place.

VINCENT.

Pu cinq fois arriver jusqu’à la place.Eh bien ?

ULRICH.

Intrépide comme à Grandson, ne craignant rien,
J’ai vu la garnison.

VINCENT.

J’ai vu la garnison.Elle devra se rendre
Comme l’autre, avant elle, a fait.

ULRICH.

Comme l’autre, avant elle, a fait.Se laisser pendre !
Non père, Boubenberg qui ne trompa jamais,
A fait dire au Conseil de Berne d’être en paix :
« Avant que le duc Charle ait franchi la frontière,
» Morat ne devra plus avoir pierre sur pierre ;
» Et l’on tiendra, dût-on périr jusqu’au dernier,
» Comme à Saint-Jacques. »