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Les Agapes de Berne


LES VIEILLARDS.


Ils sont partis, nos fils, pour la cruelle guerre
Le cœur frémissant de colère,
Le pas ferme et le rang serré.
Ils sont partis six mille ayant aux yeux des flammes
Qui réchauffent nos vieilles âmes :
Nos fils n’ont pas dégénéré.
Priez, Anges du ciel, Bienheureuse Marie,
Pour eux, pour nous, pour la pairie !
Miséréré ! Miséréré !


*

Il pleut, et d’heure en heure on attend la bataille,
La bataille implacable et décisive. Un point
Est sûr : Morat résiste encore à la tenaille
Du hardi Bourguignon ; mais venant de trop loin,
Bien des renforts — aucun par crainte ne défaille,
Mais par fatigue extrême, hélas ! — n’ont pas rejoint,
Et des Ligues ainsi l’armée est incomplète.
Thurgovie et Sargans dont immense est la traite,