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Page:Amiel - Charles le Téméraire, 1876.djvu/93

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Le Désastre de Morat.


Leur général, c’est l’instinct militaire,
Leur allié le mépris de la mort.
Blessé dix fois, chacun d’eux tue et mord
Et ne se rend jamais, fût-il par terre.
Trois, quatre assauts, trente mille boulets,
N’ont pu forcer Morat, une masure.
Jusqu’à leurs chiens… Devant eux, triste augure,
Nos chiens de guerre ont fui comme roquets !


*

Midi passé, trempés, pieds dans la boue,
Mais sans quitter cette fois notre camp,
Nous attendons l’ennemi provoquant
Qui, dans ses bois, guette et de nous se joue.
Nous l’attendions au point faible ; mais non,
C’est sur le point le plus fort qu’il se rue,
Et l’avant-garde, aussitôt apparue,
Comme à souhait, marche droit au canon.