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Et, de ce côté de la vie
Tant qu’il respire et vil d’espoir,
Perle dont son âme est ravie,
Partout l’homme aussi croit te voir.

Mais, tel que ces preux d’un autre âge
En quête d’un vase enchanté,
Il ne conquiert que ton image
Et jamais ta réalité.

Rêve trompeur, comme un nuage
Doré des feux de son amour,
Tu fuis, il vole et le mirage
Expire et renaît chaque jour.

Cette illusion décevante
Tient fasciné tout œil humain ;
Chaque matin le jour se vante,
Mais pour pleurer le lendemain.

N’importe ! sur toutes les routes,
Sur tous chemins, sur tous sentiers,
Malgré mille échecs, cent déroutes,
Toujours courent les chevaliers.