Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 110 —

élément de persuasion, d’insinuation, d’onction manque à certains caractères généreux, qui, par haine de la câlinerie, par horreur de la diplomatie, de l’adresse, de la servilité, se réfugient plutôt jusque dans la rudesse. Crainte de flatter, ils brutalisent ; crainte de faire des avances, de paraître circonvenir ou capter les bonnes grâces, ils choquent les opinions et indisposent les amours-propres. Tempérer la sincérité par la politesse et la fermeté par la réserve, allier à l’indépendance le respect et à la vivacité le tact, est un art qu’ils doivent apprendre.


IX. — LA LECTURE.


Dans les livres, je ne trouve presque rien de neuf ; mais je retrouve et c’est charmant.


X. — LE JOURNAL INTIME.


Il en est du journal intime comme de la prière et de la vie intérieure : plus on le néglige, moins il est attrayant ; moins on en use, moins on en peut user ; plus on le pratique, plus on l’aime.


XI. — LA PAUVRETÉ PRODIGUE.


Parlez-moi de l’ignorance pour délier la langue, et de la sottise pour faciliter le jugement ! On n’est jamais plus affirmatif que lorsqu’on a moins le droit de l’être ; et si les riches d’esprit sont économes, les pauvres sont toujours prodigues.