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vie intellectuelle et historique autour de son cercle individuel ; voilà ce que notre Vinet, celui peut-être des écrivains qui fait le plus penser, laisse néanmoins encore à désirer. Pour ceux qui aiment les formules abrégées, et ne craignent pas les termes scientifiques, je dirai : Moins de réflexivité, plus de plasticité et d’objectivité, voilà ce qui, du style de Vinet, si riche de substance, si nerveux, si plein d’idées et de tours, ferait un grand style. Vinet, pour me résumer, c’est l’homme et l’écrivain conscience. — Heureuses la littérature et la société, qui compteraient à la fois deux ou trois individus pareils, sinon égaux !

CXVIII. — LIBERTÉ DE L’ESPRIT.

Entre partout et ne t’enferme nulle part.

CXIX. — LA RIME.

La rime, devenue riche, n’est point ingrate ; elle paie presque toujours ce qu’on a fait pour elle.

CXX. — AFFRANCHISSEMENT DE L’ESPRIT.

Juger notre époque au point de vue de l’histoire universelle, l’histoire au point de vue des périodes géologiques, la géologie au point de vue de l’astronomie, c’est un affranchissement pour la pensée. Quand la durée d’une vie d’homme ou d’un peuple nous apparaît aussi microscopique que celle d’un moucheron, et, inversement, la vie d’un