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VII

À L’ANNÉE QUI VIENT.

Ô toi, spectre inconnu, que l’univers ignore,
An nouveau, roi futur qui sommeilles encore
Aux flancs profonds de l’avenir !
Du fond de ton néant, en tremblant, je t’appelle,
Être mystérieux, vrai sphinx, ma voix doit-elle
Te redouter ou te bénir ?

Isis au front voilé, qu’on nomme Providence,
De quel signe ta main doit-elle, à sa naissance,
Marquer au front l’an nouveau-né ?
Sur l’arène du temps ta voix le précipite ;
Dans l’urne du destin quel mot pour lui s’agite ?
Sera-t-il serf ou couronné ?

Avenir, avenir, que nous cachent tes ombres ?
Toge de Fabius, dois-tu de tes plis sombres
Secouer la guerre ou la paix ?
Du même ciel nous vient la foudre et la rosée ;
Nuage, contiens-tu pour la terre embrasée
Ou des fléaux ou des bienfaits ?
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