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XI

L’EMBARRAS DES RICHESSES.

Nous te quittons, ô vieil abri de chaume,
Oui, mes enfants, rendez grâce à genoux ;
La faim n’est plus, nous avons un royaume ;
Un ciel plein d’or vient de s’ouvrir sur nous.
Nous, si joyeux quand jadis une obole
Brillait un jour au foyer indigent,
Nous héritons ! la misère s’envole :
Merci, mon Dieu, merci, j’ai de l’argent !

— Ma fille, à toi des parfums, des dentelles,
Comme au château des parures de fleurs ;
Tous les plaisirs des heureuses mortelles ;
Les bals, les ris, au lieu de nos douleurs !
— À toi, mon fils, des coursiers et des fêtes !
— À nous, la paix loin de tout soin rongeant
Et le satin pour reposer nos têtes :
L’argent ! l’argent ! Dieu, qu’il est beau, l’argent !