Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/129

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prétend être chargée des fautes de tout ce qui les entoure et s’occupe peu des siennes. En disant cela, elle écumait d’une sainte colère, et son œil (car la pauvre fille en avait perdu un par la petite vérole) était étincelant. Si sa sœur était rentrée à cet instant, elle aurait bien pu lui arracher les deux yeux, mais elle médita une autre vengeance. Rien n’est si amer que le fiel des dévots.

Elle regarda à sa pendule, et voyant qu’il était près de dix heures, qu’ainsi sa sœur ne tarderait pas à rentrer, elle se déshabilla promptement, fléchit un moment le genou devant son oratoire, poussa les verrous, souffla sa chandelle et alla droit au lit. Elle voulut ouvrir la couverture, mais le gardien la remonta sur ses épaules ; ce mouvement lui parut extraordinaire ; elle porta ses mains, et sentant une figure humaine, elle crut que c’était sa sœur. Croyant alors s’être trompée de lit, elle alla à l’autre ; mais à peine eut-elle porté sa main pour ôter la couverture, que le jeune Durolet, qui avait moins célébré Bacchus que son confrère et qui se ressouvenait confusément des charmes de Nicette, qu’il se reprochait de n’avoir pas mieux fêtée, se saisit du bras de la dévote, qui fit alors un cri. — Quoi ! ma Nicette, que veut dire