Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/166

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parti. — Je lui dirai que je me suis ennuyé chez madame Moreau, et que je veux, pour éviter d’y retourner, être censé absent. Joséphine approuva tout ce que lui dit son amant, se hâta de se rendre chez sa maîtresse, qui lui dit qu’elle arrivait bien tard. Elle en rejeta la faute sur Goton ; et après avoir assez mal dessiné, car sa main était un peu tremblante des émotions qu’elle avait éprouvées, elle revint chez sa mère, qui la gronda à tort et à travers pour le seul plaisir de lui faire sentir son autorité ; mais elle le supportait en pensant qu’elle verrait Durolet dans deux jours. Notre bon père vint le soir faire une visite à madame Moreau, et vit avec un plaisir extrême les effets que le rendez-vous du matin avait produits. Les couleurs de sa belle étaient moins vives ; ses yeux, un peu abattus, avaient moins d’éclat, mais une douce langueur les rendait plus touchants. L’ajustement modeste, qu’elle était obligée de porter pour plaire à sa mère, ne voilait plus aux regards de son heureux amant des charmes qui auraient été dignes d’un roi. Son imagination les lui retraçait et la certitude que dans moins de deux fois vingt-quatre heures il jouirait de la même félicité lui faisait supporter la contrainte qu’il s’était impo-