Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 50 —


demande. — Eh ! je serais le plus heureux du monde si je l’obtiens. — Il vint reprendre sa place auprès de sa dulcinée, à qui il dit mille douceurs. La petite répondit avec beaucoup de froideur à Fontaine, car il ne lui plaisait pas beaucoup ; et elle aurait bien voulu dire un mot en particulier au capucin, pour qui elle avait beaucoup d’amitié, et dont la présence lui rappelait son premier amant, qu’elle croyait toujours son frère. Après le goûter, on se promena dans le bois, puis chacun reprit le chemin de son logis.

Dès que la petite Moreau fut seule avec monsieur Fontaine, le père, elle lui demanda si c’était le mari qu’elle lui destinait. — Oui, répondit-il. — Ah ! il est bien laid. Quelle différence avec votre fils. — La figure fait peu de chose ; on le dit fort doux. — C’est bien quelque chose ; mais comme il est maigre, efflanqué ; comme il traîne ses mots les uns après les autres. Je suis bête, j’en conviens ; mais j’aime les gens d’esprit. Si ma mère ne m’avait pas laissée avec Goton, je saurais mieux parler ; je ne dirais pas des choses que j’ai bien vu qui faisaient rire les belles dames de Rouen. Mais enfin je suis jeune, je pourrai me former. Votre fils me le disait ; et avec celui-ci