Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/225

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prendre votre sœur dans un bel appartement, rue de l’Arbre Sec, que le bon oncle a meublé en damas cramoisi, avec des baguettes dorées. Son portrait, peint par Latour, est dans le salon, et le vôtre dans l’antichambre. Jusque-là, s’il est vrai qu’il est son oncle, il n’y a rien à dire ; mais ce que je vous écris avec regret, et seulement parce que vous m’avez fait donner ma parole de ne rien vous cacher, c’est que le père Jérôme, dont la raison était altérée par les liqueurs, engagea Adélaïde à aller faire un tour de promenade. Je les suivis. Les voyant entrer dans un cabinet de verdure, je suis resté derrière la charmille, et je vous jure que jamais oncle ne donna de plus grandes preuves de tendresse à sa nièce. Choqué de voir une si gentille colombe dans les serres d’un pareil épervier, je me suis retiré en plaignant le sort de la sœur de mon meilleur ami, qui ne devait pas, connaissant la fragilité de l’humaine nature, la confier à un moine et à une femme galante. Mais enfin la faute est faite, et il ne faut plus que la réparer. Je compte, mon cher ami, vous rejoindre d’ici à quelques semaines, ayant fait d’assez bonnes affaires avec Fontaine pour presser mon retour. Je suis fâché d’avoir de si