Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/239

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d’en faire son seul héritier ; elle fit raconter dans le plus grand détail à mademoiselle Précieux toutes les circonstances d’une mort si prématurée. Ceux qui sentent peu cherchent à remuer leurs âmes par des peintures déchirantes. Elle ne cessait de la remercier d’avoir tenu lieu de mère à sa malheureuse fille, et mademoiselle Précieux ne voyant pas arriver le père Durolet, se disposait à se retirer, lorsqu’il entra.

Sa contenance n’avait ni audace ni bassesse ; la douleur se peignait dans ses regards ; mais le calme était sur son front. — Savez-vous, mon ami ? lui dit madame Moreau en lui tendant la main. — Oui, madame, et cette lettre que je vous demande de lire comme la première expiation que je dois souffrir, vous fera connaître le scélérat qui vous a ravi votre fille. — Madame Moreau, étonnée du ton dont il prononça ces mots, dont elle ne pénétrait pas le sens, prend la lettre de sa fille, et, frappée de terreur à chaque phrase, elle n’osait en croire ses yeux, et ne pouvait concevoir que l’homme qu’elle estimait le plus eût été capable de semblables horreurs. Mais Durolet ne lui donna pas le temps de lui adresser des reproches. Voici, madame, en montrant la lettre que mada-