Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/274

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ici. — Mais, signora, ne poussez donc pas si fort, vous culbutez tout le monde. — Encore un coup, madame, vous ne pouvez pas passer par là. Bon Dieu, qu’il y a des gens insupportables ! — La chère tante était obstinée. Elle travailla avec tant d’activité de ses pieds, de ses genoux et de ses coudes qu’elle se trouva en assez peu de temps au milieu de l’église et à dix pas tout au plus de la chaire. Sa compagne l’avait suivie en silence, profitant d’un air timide de chaque pied de terrain que gagnait sa conductrice. — Sainte Vierge, s’écria la vieille, quelle chaleur ! je voudrais qu’on m’expliquât ce que tout cela veut dire ; pourquoi cette foule insupportable ? pas une chaise vacante, et pas un homme assez galant pour vous offrir la sienne ! Je croyais qu’à Madrid on était plus poli.

Ce propos excita l’attention de deux jeunes gens qui, penchés en avant sur le dos de leur chaise et le dos tourné contre le septième pilier à compter depuis le portail, causaient ensemble et avaient l’air de se faire mutuellement quelque confidence. Tous les deux étaient fort bien mis. Entendant cet appel fait à leur politesse par une voix de femme, ils tournèrent un peu la tête et cherchèrent des yeux celle qui venait de parler. Elle avait levé