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sa nièce par le moyen de ces ingénieuses distinctions, si un murmure de contentement, qui se répandit en ce moment par toute l’église, n’eût annoncé l’arrivée du prédicateur. Dona Leonello se leva de dessus sa chaise pour le mieux voir, et Antonia imita son exemple.

Le prédicateur était un fort bel homme ; sa figure était extrêmement agréable, sa taille haute et son aspect imposant. Un nez aquilin, un œil noir et brillant, d’épais sourcils fort rapprochés, étaient les traits les plus remarquables de sa physionomie. Quoiqu’il ne fût encore qu’à la fleur de l’âge, l’étude et les veilles avaient presque totalement décoloré ses joues. Son front serein paraissait être le siége de la candeur et de la vertu. Tous ses traits exprimaient le contentement intérieur d’une âme également exempte de soucis et de remords ; il salua l’auditoire d’un air fort humble. On remarquait encore dans son regard vif et pénétrant une sorte de sévérité qui commandait la vénération, et dont peu de personnes pouvaient soutenir l’aspect. Tel était Ambrosio, prieur des dominicains et surnommé l’homme de Dieu.

Antonia sentit en le voyant un plaisir inexprimable, Elle attendait impatiemment que le moine

  AMOURS. TOME 2.
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