Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/297

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cette vieille sorcière ? Depuis ce moment-là j’ai un goût d’ail tout autour des lèvres, je ne sais quelle odeur de cuisine ; je suis sûr qu’au Prado l’on me prendra pour une omelette ambulante.

— J’avoue, mon cher comte, que vous vous êtes trouvé dans une situation assez périlleuse ; cependant, je suis si éloigné de la croire insupportable, que je vous prie de ne pas négliger les dons qu’un heureux hasard vient de vous offrir.

— Un heureux hasard ! je vois, mon cher, que vous en tenez déjà pour la petite Antonia.

— Je ne puis vous exprimer combien elle m’a paru charmante. Depuis la mort de mon père, mon oncle, le duc de Medina, m’a fait connaître qu’il désirait de me voir marié. J’ai jusqu’à présent évité de remplir ses vues et feint de ne point les comprendre ; mais à vous dire vrai, depuis que j’ai vu cette aimable enfant…

— J’imagine, Lorenzo, que vous ne serez pas assez fou pour vouloir faire votre femme de la fille du très-honnête cordonnier de Cordoue ?

— Arrêtez, Christoval ; vous oubliez qu’elle est aussi petite-fille du marquis de Las Cisternas ; mais sans me disputer sur sa naissance et sur ses titres, je puis vous assurer que jamais femme ne m’a si vivement intéressé.