Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/328

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Après avoir lu, Ambrosio jeta sur l’imprudente religieuse un regard de colère et de mépris.

— Mon devoir m’oblige, dit-il, à remettre cette lettre entre les mains de votre abbesse.

Au même instant il se disposa à sortir de la chapelle.

Ces mots furent un coup de foudre pour Agnès. Frappée du danger de sa situation, elle courut après lui, et de toute sa force le retint par la robe.

— Ambrosio, digne Ambrosio, s’écria-t-elle avec l’accent du désespoir, je me jette à vos pieds, je les baigne de mes larmes. Mon père, ayez compassion de ma jeunesse. Regardez d’un œil indulgent la faiblesse d’une femme ; daignez m’aider à cacher ma faute. Je l’expierai, j’en ferai pénitence le reste de ma vie, et votre bonté aura ramené une âme dans les voies du ciel.

— Prétendez-vous que je puisse être confidentiellement le partisan du crime ? Souffrirai-je que le couvent de Sainte-Claire devienne un lieu de prostitution ? que l’église du Christ nourrisse dans son sein la honte et la débauche ? Malheureuse ! l’indulgence ferait de moi votre complice ; votre crime deviendrait le mien. Vous vous êtes livrée aux coupables désirs d’un séducteur ; vous avez,