Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/333

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Ambrosio n’avait point écouté ces reproches sans émotion. Une voix secrète lui disait qu’il avait traité cette jeune fille avec trop de sévérité ; il retint donc l’abbesse pendant quelques instants.

— La violence de son désespoir, dit-il, prouve au moins qu’elle n’est pas familiarisée avec le vice. Peut-être qu’en y mettant un peu moins de rigueur, qu’en mitigeant pour elle la pénitence usitée, l’on pourrait…

— Mitiger, mon père ? c’est ce que je ne ferai pas, vous pouvez en être assuré. Les lois de notre ordre sont strictes ; elles sont un peu tombées en désuétude ; le crime d’Agnès me fait voir la nécessité de les faire revivre. Je vais notifier à toute la communauté mes intentions, et Agnès sentira pleinement toute la rigueur de ces lois ; je prétends m’y conformer à la lettre. Adieu, mon père.

En disant ces mots, elle sortit précipitamment de la chapelle.

— J’ai fait mon devoir, dit en lui-même Ambrosio ; et après quelques instants passés en méditation, il se rendit au réfectoire, où la cloche l’appelait.