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Histoire de don Raymond, marquis
de Las Cisternas.


Une longue expérience, mon cher Lorenzo, m’a prouvé combien votre cœur est généreux ; vous venez de me déclarer vous-même que vous aviez ignoré tout ce qui regarde votre sœur ; je n’avais pas besoin de cette assurance pour supposer qu’on vous en avait, à dessein, fait un mystère. Si vous aviez été mieux instruit, que de chagrins auraient pu être épargnés à votre sœur et à moi ! Le destin en a autrement ordonné. Vous étiez dans le cours de vos voyages quand, pour la première fois, je fis connaissance avec Agnès ; et comme nos ennemis avaient pris soin de lui cacher le nom des lieux où elle eût pu vous écrire, il lui fut impossible d’implorer, par lettres, votre protection et vos conseils.

En quittant l’université de Salamanque, où, comme je l’ai su depuis, vous restâtes une année après moi, je me disposai à commencer mes voyages. Mon père pourvut à ma dépense avec beaucoup de générosité ; mais il m’enjoignit expressément de cacher mon rang et de ne me présenter