Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/386

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quelle cérémonie, plutôt burlesque que religieuse ; moi et mes enfants nous fûmes livrés à mon nouvel époux, qui nous emmena aussitôt à sa maison.

Il m’assura qu’il m’aimait depuis longtemps, mais que par égard et par amitié pour mon premier amant il avait su contenir ses désirs ; il tâcha de me concilier avec ma destinée, et pendant quelque temps il me traita avec douceur. À la fin, voyant que mon aversion pour lui ne faisait qu’augmenter, il obtint par la violence les faveurs que je persistais à lui refuser. Il ne me restait plus d’autre moyen que de supporter mes peines avec patience ; ma conscience me criait sans cesse que je les avais trop méritées. La fuite était impossible ; mes enfants étaient au pouvoir de Baptiste, et il avait juré que si je tentais de m’échapper de ses mains il se vengerait sur eux. La cruauté de son caractère m’était trop bien connue pour me laisser douter qu’il ne remplît ses serments. Depuis que j’étais avec lui, une triste expérience m’avait convaincue de l’horreur de ma situation. Bien différent de mon premier amant, Baptiste se faisait un barbare plaisir de me rendre témoin, malgré moi, des plus affreuses exécutions, et il s’efforçait de familiariser mes yeux et mes oreilles avec le sang et les cris des victimes.