Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/399

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voir diriger mes principales batteries du côté de la baronne. J’avais pu apercevoir que chacune de ses paroles avait dans le château force de loi, et que son mari, qui la regardait comme un être supérieur, déférait sans réserve à toutes ses volontés.

La baronne était âgée d’environ quarante ans ; elle avait été belle dans sa jeunesse, mais ses charmes avaient pu être rangés dans la nombreuse catégorie de ceux qui ne soutiennent pas le choc des années. Cependant, il lui restait encore quelques traits de beauté. Son jugement était sain et fort, quand il n’était pas obscurci par le préjugé ; mais ce cas était malheureusement fort rare. Ses passions étaient vives ; elle n’épargnait ni soins ni peines pour les satisfaire, et quiconque s’opposait à ses volontés devait redouter sa vengeance. Amie ardente ou implacable ennemie, telle était la baronne de Lenderberg.

Je mis tout en usage pour lui plaire, et je ne réussis que trop complètement ; elle parut flattée de mes soins et me traita avec tant de distinction que j’en fus parfois alarmé. J’y consumais des heures entières, des heures que j’aurais pu passer avec Agnès. Cependant, toujours persuadé que ma complaisance envers sa tante avançait l’heureux