Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 85 —


soustraire à ma vengeance ; de fidèles agents vont épier vos démarches, vos actions, vos regards ; oui, vos yeux mêmes me découvriront ma rivale ; et quand je la connaîtrai, tremblez, Alphonso, et pour elle et pour vous.

Elle prononça ces derniers mots d’un ton si furieux, qu’à peine elle pouvait respirer ; elle palpita, gémit et tomba évanouie ; je la soutins dans mes bras et la plaçai sur un sopha. Courant alors vers la porte, j’appelai ses femmes à son secours, et l’ayant confiée à leurs soins, je me hâtai de sortir.

Agité et confus au-delà de toute expression, j’entrai dans le jardin. À quoi devais-je me décider ? Quel parti prendre ? Cette malheureuse passion de la tante, l’inexorable superstition des parents d’Agnès, offraient des obstacles presqu’insurmontables à notre union. Devais-je lui faire part de cette aventure ou ne devais-je pas plutôt partir sans la voir, sauf à employer d’autres moyens pour la préserver du sort qui la menaçait ?

Je me promenais à grands pas dans cette cruelle indécision, lorsque venant à passer devant une salle basse dont les fenêtres donnaient sur le jardin, j’aperçus Agnès assise à une table. Trouvant

  AMOURS. TOME 3.
6