soustraire à ma vengeance ; de fidèles agents vont
épier vos démarches, vos actions, vos regards ;
oui, vos yeux mêmes me découvriront ma rivale ;
et quand je la connaîtrai, tremblez, Alphonso, et
pour elle et pour vous.
Elle prononça ces derniers mots d’un ton si furieux, qu’à peine elle pouvait respirer ; elle palpita, gémit et tomba évanouie ; je la soutins dans mes bras et la plaçai sur un sopha. Courant alors vers la porte, j’appelai ses femmes à son secours, et l’ayant confiée à leurs soins, je me hâtai de sortir.
Agité et confus au-delà de toute expression, j’entrai dans le jardin. À quoi devais-je me décider ? Quel parti prendre ? Cette malheureuse passion de la tante, l’inexorable superstition des parents d’Agnès, offraient des obstacles presqu’insurmontables à notre union. Devais-je lui faire part de cette aventure ou ne devais-je pas plutôt partir sans la voir, sauf à employer d’autres moyens pour la préserver du sort qui la menaçait ?
Je me promenais à grands pas dans cette cruelle indécision, lorsque venant à passer devant une salle basse dont les fenêtres donnaient sur le jardin, j’aperçus Agnès assise à une table. Trouvant