Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/413

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lui donne dans tout le château, et c’est d’après ce récit que j’ai tracé cette esquisse, où vous pouvez croire que je n’ai pas manqué de placer ma vénérable gouvernante. Je n’oublierai jamais dans quel excès de colère elle est entrée et combien elle m’a paru laide, lorsqu’en voyant ce dessin elle m’a querellé pour l’avoir faite ressemblante.

Ici elle montra une figure grotesque de vieille femme dans une attitude de terreur.

En dépit de la mélancolie qui pesait sur mon âme, je ne pus m’empêcher de rire en apercevant ce fruit de l’inspiration vive et gaie d’Agnès. Elle avait parfaitement saisi la ressemblance de Cunégonde, mais elle avait ingénieusement exagéré les défauts de son visage et rendu chaque trait si ridicule que je conçus sans peine quelle avait dû être la colère de la duègne.

— La figure est admirable, ma chère Agnès ; je ne savais pas que vous possédassiez à ce point le talent de saisir le ridicule.

Un moment, dit-elle en se levant, je veux vous montrer une figure encore plus ridicule, et dont vous pourrez disposer à votre gré. Venez avec moi.

Elle entra alors dans un cabinet un peu écarté,