Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/415

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— Mes soupçons étaient donc justes, dit-elle après quelques moments de silence ; la coquetterie de ma nièce a triomphé, et c’est à elle que je suis sacrifiée. Cependant, j’ai dans mon malheur quelques motifs de consolation ; je ne serai pas seule trompée dans mon attente, et vous aussi vous connaîtrez ce que c’est que l’amour sans espoir. J’attends tous les jours pour Agnès l’ordre de se rendre près de ses parents. Aussitôt après son arrivée elle prendra le voile, et vous pourrez, monsieur, porter votre tendresse ailleurs. Épargnez-vous de grâce des sollicitations, ajouta-t-elle sans me permettre de parler ; ma résolution est inébranlable. Votre amante restera jusqu’à son départ prisonnière dans sa chambre. Quant à vous, don Alphonso, je vous annoncerai que votre présence ne peut plus être agréable ni au baron, ni à son épouse. Ce n’est pas pour conter des douceurs à ma nièce que vos parents vous ont envoyé en Allemagne, c’est pour y voyager ; et je me reprocherais de mettre plus longtemps obstacle à un si louable dessein. Adieu, monsieur ; souvenez-vous que demain, dans la matinée, vous devez nous voir pour la dernière fois.

Quand elle m’eut ainsi donné mon congé en