Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/423

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— Oh ! partons, lui dis-je, partons dès ce soir même, chère Agnès !…

— Non, répondit-elle, les mesures ne sont pas prises pour une prompte fuite. Il y a d’ici à Munich au moins deux journées de chemin ; les émissaires actifs de ma tante nous auraient arrêtés peut-être avant que nous fussions sortis des dépendances du baron. D’ailleurs, mon absence du château ne souffrirait qu’une seule interprétation et il n’y aurait point de doute sur le motif de ma disparition. Pour ne rien confier au hasard et pour égarer plus sûrement l’attention des surveillants, j’ai conçu un autre projet qui vous paraîtra peut-être bizarre, mais que je regarde comme infaillible et que j’aurai le courage d’exécuter. Écoutez-moi.

Nous sommes aujourd’hui au trente avril. C’est dans la nuit du cinq mai, c’est-à-dire dans cinq jours, que doit avoir lieu l’apparition de cette religieuse fantastique. Dans ma dernière visite au couvent, je me suis procuré un habit convenable pour jouer ce rôle ; une amie que j’y ai laissée et à qui je n’ai pas fait scrupule de confier mon secret, a consenti à me prêter un de ses habits religieux ; j’ai trouvé ailleurs le reste de l’accoutre-