Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/435

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avec elle, la réprimander avec aigreur sur sa continuelle mélancolie, lui reprocher que, dans sa situation, pleurer la perte d’un amant était un crime et qu’en toute situation pleurer celle d’un infidèle était une folie. Agnès enfin me reconnut ; et c’est ici, Lorenzo, que j’ai besoin d’en appeler pour ma justification à notre longue amitié, à la connaissance que vous avez de mon inaltérable honneur ; c’est ici que je dois implorer votre indulgence ; je supprime d’inutiles détails. Agnès m’aimait. Lorsque j’eus trouvé l’occasion favorable de lui parler sans témoin, obéissante aux volontés de son père, fidèle à ses vœux, elle refusa de m’écouter ; elle m’entendit cependant, pressé par mes sollicitations. Je me justifiai pleinement à ses yeux ; je lui exposai tous mes motifs d’espérance ; je la fis consentir à seconder mes projets. Chaque nuit elle se rendait dans un réduit écarté que m’avait procuré le jardinier. Là, plus libre qu’au milieu du monde, je lui jurai une éternelle tendresse. Rappelez-vous, Lorenzo, notre amour, si violemment contrarié, mes souffrances, la pureté de mes intentions, ma ferme résolution de n’avoir jamais qu’Agnès pour épouse ; rappelez-vous sa candeur, la violence faite à ses senti-