était inévitable. Les anges de lumière qui veillent
sans cesse sur ceux qui méritent leur faveur
m’ont aidée à cacher mon projet. Il m’est donc
permis de faire un récit dont les circonstances glaceront
d’horreur toutes les âmes sensibles. Je
prends à tâche de déchirer le voile de l’hypocrisie
et d’apprendre aux parents égarés à quels
dangers est exposée la malheureuse femme qu’ils
ont une fois soumise à l’empire de la tyrannie
monastique.
Parmi les religieuses de Sainte-Claire, aucune n’était plus aimable, aucune n’était plus douce qu’Agnès de Medina ; je la connaissais parfaitement ; j’étais son amie, sa confidente ; je n’étais pas la seule qui eût pour elle une tendre amitié ; sa piété vraie, son empressement à obliger, son caractère angélique, la faisaient chérir de tout ce qu’il y avait d’estimable dans la communauté. L’abbesse elle-même, vaine, sévère et scrupuleuse, ne pouvait refuser à Agnès une approbation qu’elle n’accordait à personne. Chacun a quelque défaut. Hélas ! Agnès eut une faiblesse ; elle viola les lois de notre ordre, et encourut la haine de l’implacable abbesse. Les règles de Sainte-Claire sont sévères, mais antiques et négligées ; plusieurs, depuis