jurai de venger sa mort par la honte et le châtiment
de ses assassins ; ce n’est qu’avec bien de la
peine et des dangers que j’ai tenu ma promesse.
À l’enterrement d’Agnès, égarée par la douleur,
j’eus l’imprudence de laisser tomber quelques
mots qui alarmèrent la conscience coupable de
l’abbesse. Je devins l’objet de ses soupçons ; on
observa toutes mes démarches, on suivit tous mes
pas ; je fus environnée d’espions. Il s’écoula bien
du temps avant que je pusse instruire les parents
d’Agnès de mon fatal secret. On fit courir le bruit
que cette infortunée était morte subitement. Cette
fable fut crue, non-seulement par ses amis, dans
la ville, mais même par les personnes qui, dans le
couvent, s’intéressaient à elle. Le poison n’avait
laissé sur son corps aucune trace. Personne ne
soupçonna la véritable cause de sa mort ; elle resta
inconnue à tout le monde, excepté à ses assassins
et à moi.
Je n’ai rien à ajouter ; je réponds sur la vie de la vérité de tout ce que j’ai dit. Je répète que l’abbesse est un assassin ; qu’elle a ôté du monde et peut-être du ciel une infortunée dont la faute était légère et pardonnable ; qu’elle a abusé du pouvoir qui lui était confié ; qu’elle a agi en tyran