Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 42 —


qu’il croyait propre à y contribuer, mit toute son application à trouver les moyens de ne rien refuser à sa satisfaction. À cet effet, il se servit d’un frère qui avait passé une partie de sa vie dans des intrigues amoureuses, et avouait presque publiquement sa prostitution. Il avait de si rares talents dans ce commerce qu’il avait été toujours recherché de ceux qui étaient adonnés à cette passion. J’en parle avec certitude, puisqu’il ne faisait pas mystère de ses actions, et que c’est de lui que je tiens cette histoire.

Au commencement des vendanges, époque où il envoyait quêter du vin dans les villages voisins, il eut envie de savoir à combien pourrait s’élever la quantité qu’il pouvait espérer d’avoir. Allant pour cela de côté et d’autre dans les vignobles, il aperçut une jeune fille villageoise, âgée d’environ dix-huit ans, qui, dans son vêtement assez propre pour une personne de son état, faisait briller une beauté capable de rivaliser avec les charmes des plus belles dames de la cour. Le gardien en fut d’abord épris ; ce loup ravisseur de la pudeur des vierges forma sur-le-champ le projet de la posséder, et ce fut pour y pourvoir qu’il lui demanda d’où elle était et à qui elle appartenait.