Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/66

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d’affaires extraordinaire, adroit et insinuant ; il jeta les yeux sur Eugenio de Caprera, qui lui parut très-propre à remplir sa mission. Un courrier fut envoyé à Urbino pour remettre une dépêche à Eugenio de Caprera, par laquelle celui-ci était invité à se rendre sur-le-champ à la cour de Naples. Eugenio alla le lendemain prendre congé de la famille du marquis de Spazonni, et en quittant Virginia ses regards firent connaître à la jeune fille combien il était fâché d’être obligé de s’éloigner d’Urbino, combien il était pénible pour lui de quitter l’air que son amante respirait ; après de tendres adieux, il se retira et partit le même jour pour Naples.

Le marquis de Spazonni, qui avait un fils et une autre fille, prit la résolution de ne pas marier Virginia et de la consacrer au service de Dieu dans un cloître, afin de ne pas diminuer les biens qu’il voulait laisser à l’héritier de son nom. Il s’entendit avec la marquise et ils arrêtèrent ensemble qu’ils mettraient l’infortunée amante d’Eugenio au couvent de San Cypriano, où elle ferait son noviciat et ses vœux. La marquise prévint sa fille de la subite résolution qu’elle et son père avaient prise et l’engagea à se soumettre volontairement.