Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 70 —

Virginia ouvrit les yeux, fit un léger effort pour enlacer ses bras autour d’Eugenio, fixa sur lui un regard tendre et douloureux, articula quelques sons étouffés, pencha la tête et poussa un profond soupir. Il fut le dernier que l’infortuné Eugenio devait entendre de son amante.

Eugenio s’évanouit en tenant entre ses bras le cadavre de son amante ; il resta ainsi longtemps ; il recouvra enfin connaissance, et répandant un torrent de larmes, le cœur navré de douleur, il quitta les malheureux restes de celle qu’il avait adorée. Il s’en retourna rejoindre la religieuse qui l’avait conduit dans le souterrain près de son amante, et qui, sur la demande qu’il lui fit, comment Virginia avait été mise dans le cachot, lui raconta les faits suivants :

« Condamnée par la supérieure et les anciennes qui forment son conseil à donner mes soins à Virginia, parce que j’avais découvert d’une manière involontaire et innocente qu’on l’avait enfermée dans ce souterrain, c’est Virginia elle même qui m’a révélé que vous aviez eu une entrevue avec elle dans le jardin de l’abbaye le soir même de la prononciation de ses vœux. Elle m’a dit qu’en entrant dans l’intérieur du monastère elle crut en-