Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/97

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Malheureusement, ce qui aurait dû faire mon bonheur fut interrompu par l’arrivée d’une vieille religieuse qui nous surprit dans cette position et qui en instruisit ses consœurs, lesquelles, après le départ de mon amant improvisé, résolurent, pour me punir, ou plutôt par jalousie, de me fustiger à la manière des enfants. Comme j’avais soigneusement fermé ma chambre, on força ma porte, on m’attaqua. Je mordis l’une, j’égratignai l’autre, je donnai des coups de pieds, je déchirai des guimpes, j’arrachai des bonnets ; enfin, je fis si bien que je lassai mes ennemis au point de renoncer à leur entreprise. Elles n’emporteront de leur action que la honte que six mères n’avaient pu venir à bout d’une jeune fille ; j’étais une lionne dans ce moment.

La rage et le soin de ma défense m’avaient jusqu’alors occupée tout entière. Je ne songeais qu’à donner le démenti aux vieilles ; mais je devins bientôt aussi faible que j’étais hardie et vigoureuse un moment auparavant. La colère fit place au désespoir. Moins flattée de me voir en sûreté que pénétrée de l’affront qu’on avait voulu me faire subir, j’avais le visage baigné de larmes. Comment reparaître dans le couvent ? disais-je. Je