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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE

comme portant constamment l’électricité positive dans l’un, et l’électricité négative dans l’autre ; dans le premier moment, où rien ne s’oppose à l’effet qu’elle tend à produire, les deux électricités s’accumulent chacune dans la partie du système total vers laquelle elle est portée : mais cet effet s’arrête dès que la différence des tensions électriques[1] donne à leur attraction mutuelle, qui tend à les réunir, une force suffisante pour faire équilibre à l’action électromotrice. Alors tout reste dans cet état, sauf la déperdition d’électricité qui peut avoir lieu peu à peu à travers le corps non conducteur, l’air, par exemple, qui interrompt le circuit : car il paraît qu’il n’existe pas de corps qui soit absolument isolant. À mesure que cette déperdition a lieu, la tension diminue : mais comme dès qu’elle est moindre l’attraction mutuelle des deux électricités cesse de faire équilibre à l’action électromotrice, cette dernière force, dans le cas où elle est constante, porte de nouveau de l’électricité positive d’un côté, et de l’électricité négative de l’autre, et les tensions se rétablissent. C’est cet état d’un système de corps électromoteurs et conducteurs que je nomme tension électrique. On sait qu’il subsiste dans les deux moitiés de ce système, soit lorsqu’on vient à les séparer, soit dans le cas même où elles restent en contact après

  1. Quand la pile est isolée, cette différence est la somme des deux tensions, l’une positive, l’autre négative : quand une de ses extrémités communiquant avec le réservoir commun a une tension nulle, la même différence a une valeur absolue égale à celle de la tension à l’autre extrémité.