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Page:An Oaled N35.djvu/30

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Amice Le Saout engrossée en 1641 par « un marchand normand nommé La Sivière », et que cette Marie Richard qui de 1646 à 1650, donne trois ou quatre enfants « bastards et illégitimes » à écuyer Yves Calloët, sieur de Trohorn.

Souvent, des campagnardes mises à mal se réfugiaient en ville pour y cacher ce qu’il est convenu d’appeler leur honte. En 1604, une jeune Cornouaillaise de Duault-Quélen. vient mettre au monde, à Saint-Martin, l’enfant que lui a fait Pierre Guinemant, sieur de Lesmabon.

En 1646, Catherine Quéré, de Trébrivant, y accouche d’une fille qu’elle attribue à noble Gilles de Launay, sieur du Penquer. En 1678. Anne Le Roux, de Plounéventer, désigne comme père de son fils Guillaume « escuier François de Paol, sieur des Anno », de la même paroisse, nom difficilement identifiable.

En 1695, une jeune fille de la paroisse de la Rive, à Tréguier, Marguerite Touppin, se réfugie à Morlaix et y a un fils baptisé à Saint-Melaine « laquelle Touppin, dit l’acte de baptême, accuse Guillaume Fanoys, procureur fiscal dudit Tréguier, d’être le père dudit enfant. » Ce terme insolite semble indiquer qu’il y avait eu séduction coupable, et c’est pourquoi le nom du coupable, magistrat considéré, frère d’un chanoine, est inscrit en toutes lettres par la discrète formule qu’on rencontre quelquefois : nomen patris merito reticetur.

Que devenaient ces enfants de sang demi-noble, dont les pères s’inquiétaient fort peu, car le cas de Pierre de Boiséon, mariant et dotant ses bâtardes, est exceptionnel ? Beaucoup, abandonnés, mis à l’hôpital ou confiés à des nourrices négligentes, mouraient en bas-âge. D’autres survivaient, se tiraient d’affaire comme ils pouvaient, ne gardant bien entendu, que le nom de leur mère et faisant souche de roturiers.

Leurs traces sont difficiles à suivre dans les registres. J’ai seulement noté le décès, en 1669, à Plougasnou. de « Marguerite Le Quenquis, fille illégitime advouée de la maison de Lesquiffiou, âgée de 80 ans, demeurant depuis de longues années au manoir de Kermabon. en cette paroisse. » La pauvre fille, bien qu’issue d’une aristocratique famille, avait été heureuse de trouver un modeste emploi, gouvernante ou chambrière, dans cet hospitalier manoir.

Il ne faut pas s’imaginer pourtant que les gentilshommes seuls s’entendaient à débaucher les filles. Comme je l’ai indiqué plus haut, toutes les classes de la société contribuaient à ces naissances irrégulières. Tout cantonnement ou séjour de soldats dans une ville se traduisait immanquablement par une éclosion fâcheuse de petits bâtards. En 1699, Perrine Le Quellec, de Saint-Julien de Quimper, attribue le sien à un soldat dont elle ne connaît que les prénoms, Joseph-Marie.

Mieux informée, Marguerite La Haye, de Saint-Sauveur de Quimper, n’ignore pas que son séducteur est « un soldat originaire d’Aire-en-Artois, nommé Louis Palfart, dit Sainit-Louis », et elle a la chance rare de l’épouser peu après. En 1698, Marie Le Goff, de Saint-Julien, révèle que son enfant est de Jean Dufresne. menuisier ; mais, en 1704, Marie Boulanger, servante du bailli des Régaires, a la discrétion de ne point désigner le gars responsable de son malheur.

Beaucoup de ces misérables pauvresses, qui battaient alors les routes, allant de village en village quêter leur pain, livrées par