Aller au contenu

Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

objets qui nous entouraient. Les poupées de Zoé, mes cahiers d’écolier, dont il avait tant de fois embrouillé et barbouillé les pages, le mur du jardin au-dessus duquel nous avions vu luire, dans l’ombre, ses yeux rouges, le pot de faïence bleue qu’une nuit d’hiver il avait fendu, à moins que ce ne fût la gelée ; les arbres, les rues, les bancs, tout nous rappelait Putois, notre Putois, le Putois des enfants, être local et mythique. Il n’égalait pas en grâce et en poésie le plus lourd égipan, le faune le plus épais de Sicile ou de Thessalie. Mais c’était un demi-dieu encore.

» Pour notre père, il avait un tout autre caractère : il était emblématique et philosophique. Notre père avait une grande pitié des hommes. Il ne les croyait pas très raisonnables ; leurs erreurs, quand elles n’étaient point cruelles, l’amusaient et le faisaient sourire. La croyance en Putois l’intéressait comme un abrégé et un compendium de